mercredi 29 janvier 2014

1780 : Le reinage à la Tour du Pin


1780, troisième dimanche après Pâques à l’issue des Vêpres, une curieuse cérémonie se déroule l'église paroissiale de la Tour du Pin : c’est la mise en vente aux enchères des titres de Roi, Reine, Dauphin, Dauphine, Connétable, Connétablesse !

Assis dans des fauteuils, le dos tourné au maître-autel, les dignitaires de l’année précédente font face au public. Chacun fixe pour son titre, une mise à prix initiale. Du haut de sa chaire, le curé stimule l’assistance en fait valoir les besoins de l’église ainsi que la valeur spirituelle d’une offrande faite à la Vierge. 

A chaque enchère, un desservant joue le rôle de notaire et inscrit le nom de l’enchérisseur ainsi que la somme offerte. Un enfant de cœur porteur d’un cierge, vient se placer devant le détenteur momentané du titre pour le désigner à la foule. Tel le commissaire-priseur, les enchères terminées, le curé adjuge le titre. Devant l’église bondée avec une partie de l’assistance debout, on recommence six fois de suite, suivant le même rite traditionnel.


Louis XI serait à l’origine de la coutume du Reinage.

A l’époque ces cérémonies se déroulent également dans d’autres paroisses du canton. Leur origine viendrait du Dauphin futur Louis XI qui en 1447 assailli par un ours au cours d’une partie de chasse dans le Vercors, invoque la vierge à qui il promet d’instituer en sa faveur une fondation pieuse. Pour tenir parole sans qu’il ne coûte rien au trésor royal, quoi de mieux qu’une vente aux enchères ! 

Au 15ème siècle, il y a une recrudescence du sentiment religieux qui se traduit par le développement des mystères et des cérémonies burlesques. Sur le parvis et à l’intérieur même des églises, le profane se mêle au sacré. L’institution des reinages semble avoir connu son apogée au 17ème siècle pour s’éteindre avec la Révolution.

A Saint-Laurent-en-Royans ce vieil usage continue, jusqu'après-guerre. Ainsi, en 1914, on peut devenir roi ou reine pour 10 francs! Les enchères montent progressivement. En 1939, il faut compter 150 francs et 4000 francs en 1948...

D’après l’émission du 7 mai 1948 sur Radio-Grenoble du professeur Blet.

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